Normandie, 1944. Des rangers Américains débarquent pour repousser les troupes allemandes et aider les alliés. Parmi cette centaine de jeunes hommes, à peine sortis de l’adolescence, une histoire des plus intrigante et triste est entrain de s’écrire. C’est ainsi que débute Gravé dans le sable.
Je donne le ton de l’histoire, de ce récit qui est le tout premier roman de Michel Bussi. J’avoue que je n’ai pas compris grand-chose au tout début, entre ces bouts de faits. J’avais aussi beaucoup de mal à m’imaginer autre chose que la plage, le sable de Normandie. Même les visages des premiers personnages étaient assez flous.
Mais le Blockauss de la pointe-Guilaume, théâtre du récit fictif de la seconde guerre mondiale à jamais gravé dans le sable, a bien fini par se graver dans ma mémoire, lui aussi.
Lucky, ou comment défier la chance
1944, Lucky Marry, un type a qui tout réussit, chanceux comme son nom l’indique, est sur le point de défier les dieux et d’accepter une folle proposition. Une histoire de numéros à échanger. Amour ou goût démesuré du risque ? Il a tout pour lui, une belle fiancée, mais il veut encore réaliser un coup d’éclat. Alors, avec trois autres rangers, dans le secret d’une pièce, il scelle un contrat de 1.44 millions de dollars, basé sur l’honneur. Ce contrat, à l’origine de plusieurs drames dont les témoins Oscar, Alan et Ralph n’en sortiront pas indemnes.
Des années plus tard en 1964, la belle Alice revient en Normandie, sur les traces de Lucky qu’elle n’a pas pu oublier. Son souvenir est encore frais dans la mémoire des rangers qu’elle rencontre. Un mot de trop, et ils réalisent qu’elle ne sait rien de ce contrat, de la folie de Lucky.
Alice découvre toute l’histoire, et à partir de ce moment, tout doucement, elle décide que la vie de Lucky doit compter, et que ce contrat sera honoré coûte que coûte. Ce n’est pas une question d’argent, c’est bien plus que ça.
En choisissant ce chemin, Alice est loin d’imaginer que le danger la suit, que des révélations inimaginables sont prêtes à lui faire face. Mais heureusement, elle peut compter sur Nick Hornett, un détective qu’elle engage pour l’aider à enquêter sur cette affaire.
Gravé dans le sable, une histoire, plusieurs facettes
1944 encore, c’est la fin du débarquement, les explosions et les tirs ont cessé depuis un bon moment. Le calme gagne ce coin de la Normandie, la petite ville de Château-Le-Diable. Lison Munier, adolescente intrépide enfourche son vélo et se lance vers le Blockhaus de La Pointe-Guillaume. Elle vole au secours des héros venus les délivrer. Elle est convaincue que des survivants gisent sur la plage. Et en effet, elle en trouve un, Alan Woe. Le coup de foudre où la délicatesse du moment ? Lison et Alan finissent par s’aimer très vite. Tout se passe bien entre l’Américain et la Normande, les gens du coin l’adoptent bien. Mais une chose tracasse Alan et finit par gagner Lison. Des lettres qu’il reçoit et qu’il cache, des inquiétudes. Un matin, il part pour les Etats-Unis, mais promet à Lison de revenir..
Michel Bussi signe un premier roman phénoménal avec Gravé dans le sable
Un peu de politique, beaucoup d’amour et de mystères.
C’est ma toute première fois de lire Michel Bussi, et j’ai voulu commencer par sa première œuvre, même s’il est vrai qu’elle a été revue et corrigée. Mais je referme ce livre avec admiration. Je suis juste bluffée, et je me demande s’il est possible de faire mieux que ça. Mais je le saurais très vite avec ses autres livres que je vais m’empresser de lire.
Michel Bussi l’annonce d’entrée de jeu : C’est un roman né d’une illusion.
Il choisit de se donner des libertés avec ce texte ; les références et même les descriptions des lieux ne sont pas si exactes que ça. Son imagination et sa créativité guident les pages écrites. Les personnages sortent tout droits d’un roman, il en joue même.
« Ce n’est pas une cliente qui vient d’entrer mon petit Nick, c’est une héroïne de roman ». Et au final, c’est ce qui rend sans doute cette histoire attachante et inoubliable.
Le décor ? Ce sont des personnages marqués à jamais par les séquelles de la guerre, des chemins et vies croisés qui n’auraient pas dû se rencontrer, des souvenirs qui sont trop résistants pour être oubliés, même des décennies après.
Une histoire qui laisse des traces
C’est une histoire qui débute de façon simple, et alors qu’on ne sait pas trop où on va, Michel Bussi arrive à tirer la tirer sur 50 ans. Cinquante années pour comprendre, pour rechercher, pour trouver des pistes qui conduisent à la vérité qu’on ne pouvait pas imaginer. Cinquante années pour tout, sauf pour oublier.
Ce livre qui semble être une sorte de retour vers le passé fini par devenir sous nos yeux un véritable roman fait d’enquêtes, de suspense, de tentatives de meurtres. Plus on se rapproche de la fin du livre, et plus le mystère s’épaissit, des choses qu’on n’avait pas considérées.
La fan de thriller que je suis, trouve cette intrigue bien ficelée. Et l’auteur nous balade bien, tout gentiment.
Gravé dans le sable, c’est aussi des déceptions et des histoires inachevées nous brouillent un peu le cœur. Il y’a comme une barrière invisible que les êtres ne pourront franchir pour avoir cette fin heureuse. Oscar et sa mère, Lucky et Alice, Alice et Nick, Lison et Alan, Ted et lui-même..
Peut-être que c’est ce qui arrive aux êtres, qui finalement s’encombrent de bien trop de fantômes du passé.
J’ai délicieusement aimé ce livre. Dans les villages de France et les petits cafés, sur les routes de l’Amérique profonde, dans les commérages des habitants de bourgades, et surtout avec la présence omnisciente de l’auteur et son ton ironique pour nous décrire les faits, la vérité et les pensées souterraines des personnages.
Pour finir, je dirais qu’aucun personnage ne m’a fait plus d’effet que l’autre. Tous à leur manière, leurs noms, échecs et rêves, tout est gravé dans le sable de mon imagination.
C’est mon coup de cœur de ce mois de Mars.
Rétroliens/Pings