Les Hirondelles de Kaboul.
Si je devais recommander un seul livre de toute cette année 2022, sans réfléchir, ça serait celui-là, Les hirondelles de Kaboul.
J’ai failli ne pas le lire, je l’ai trouvé un peu grandiloquent. Mais j’ai fini par réalisé que l’auteur n’exagérait rien. Et que chacun des mots, ne faisait rien d’autre que de refléter cette ville de Kaboul qui suffoque. Cette ville qui, comme ceux qu’on exécute publiquement n’a plus de voix pour crier à l’aide.
Avec tristesse et lenteur, Kaboul voit ses enfants sombrer dans la démence, alors que les hirondelles sont parties depuis bien longtemps. Et même si elles espèrent revenir un jour, et elles reviendront, elles attendent que la lutte de l’espoir reprenne.
Pourquoi ce conflit interminable à Kaboul ?
Je sais, je dois parler du livre. Mais ça serait cruel et inhumain pour moi de parler de l’écriture de Yasmina Khadra sans mettre en lumière ce qu’il dénonce, ce qu’il défend. Sans la désolation et la guerre de Kaboul, il n’ y aurait pas eu ce magnifique livre. Et à choisir, il aurait été mieux ainsi.
Mais voilà, le monde est ce qu’il est. Et comme moi, tu as déjà entendu parler des talibans aux infos. Ou encore des explosions en plein centre-ville, des exécutions publiques, des droits des hommes, et surtout des femmes bafoués. En gros, tu as eu vent du chaos qui se déchaîne à Kaboul, en Afghanistan.
Nous sommes en 2001, et les Talibans sont au pouvoir en Afghanistan. Ils font régner leurs lois. Les populations ne vivent plus, elles sont aux abois. Les femmes « sont réduites à des ombres ». Mais en Septembre 2001, le triste et célèbre attentat des tours jumelles va marquer un répit de 20 ans pour le peuple afghan. En effet, après le refus d’Al-Qaida de livrer son chef Oussama Bin Laden, le gouvernement américain lance une traque sans mercis aux talibans et les contraint à capituler.
Alors qu’ils étaient au pouvoir depuis 1996, ils se retranchent, et libèrent Kaboul.
L’espoir et la vie reviennent.
Pendant 20 ans, on se met à réécouter de la musique, à se promener dans les rues, à remplir les salles de cinéma. Les hirondelles sont de retour, mais le vent de la bêtise humaine va les chasser.
Les hirondelles de Kaboul : 20 ans pour les chasser
Août 2021, les Talibans sont de retour au pouvoir, et avec eux la désolation, la traversée du désert la mort.
Kaboul sombre et les premières victimes, les sacrifiées, ce sont les femmes et les jeunes filles. Elles n’ont aucune protection, aucun avocat face à la barbarie de ces mercenaires qui se disent éclairés. Réduites au silence, voilées et emprisonnées, aussi bien derrière les grilles des tchadri que des vraies prisons, elles sont humiliées et exécutées à tout va.
Les hommes aussi perdent leur dignité. Ils ne peuvent en aucun cas défendre les femmes qu’ils aiment. Ils les regardent impuissants, mourir à petit feu ou à coups de lapidation et de fouets.
Pour combien de temps encore Kaboul souffrira ainsi ?
Pourquoi le monde ne réagit pas à la détresse et aux cris de cette ville ? Pourquoi tant d’hypocrisie alors qu’on sait tous ce qui s’y passe ?
Mussarat, Zunaira, Atiq, et Moshen, un hommage à tous ceux que la folie de la guerre a emporté
On lit Les hirondelles de Kaboul pour la première fois, et on ne perçoit pas tout de suite la très grande portée de cette œuvre.
Elle peut faire penser à une œuvre de fiction, créée par la grande imagination de l’auteur.
Mais les histoires mises en scène, la tragédie tapie dans l’ombre qui guette peu à peu nos personnages font froid dans le dos. L’espoir même semble être cerné. Et jour après jour, la chaleur suffocante, le manque de tout, conduit ce petit monde dans un champ de folie, là où la ville de Kaboul est dépouillée de toute lucidité.
La guerre ou les Talibans ont coupé l’herbe sous les pieds, ils ont écrasé les rêves d’avenir et de joie.
Zunaira, belle avocate a dû renoncer à sa carrière, mais aussi à sa vie de jeune couple avec son mari Moshen. Ils sont soumis à une réalité qui ne devrait même pas exister.
Mussarat croule sous la maladie et le poids d’être une charge. Son geôlier de mari Atiq ne l’a pas vraiment choisi, il l’a épousé par reconnaissance. Mais ils auraient pu être heureux si Kaboul était libre.
Et que Dire d’Atiq ? Héros national qui n’attend rien de la vie, ça fait longtemps que toutes ses lueurs se sont éteintes. Et si elles ont un jour briller, leur durée rivalisait avec celles des étoiles filantes.
Les hirondelles de Kaboul, c’est un cri, c’est un appel, c’est un hommage. Mais c’est surtout une étincelle qui grandit. Des prières qui montent, pour toucher les hirondelles là haut afin qu’elles reviennent à Kaboul.
Ce livre a touché mon âme. Lisez le aussi.